Mois des mémoires : une histoire française de l’esclavage
Publié le 5 mai 2021

Le Mois des mémoires, c’est l’occasion pour la nation tout entière de se rendre compte du chemin parcouru depuis vingt ans. Pour faire progresser la connaissance sur la traite et l’esclavage, les résistances qu’ils ont suscitées et le combat pour leurs abolitions ; pour lutter contre les discriminations, le racisme, les préjugés et les formes contemporaine d’esclavage, remémorons-nous et informons-nous. 

Au niveau national, ce mois de mai est marqué par deux dates du souvenir :

Le 10 mai

Journée nationale des mémoires de l’esclavage, de la traite et de leurs abolitions

Le 10 mai est la date anniversaire de l’adoption à l’unanimité par le Sénat, en dernière lecture, de la loi dite « Taubira » reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.

« Nous allons cheminer ensemble dans notre diversité, parce que nous sommes instruits de la certitude merveilleuse que si nous sommes si différents, c’est parce que les couleurs sont dans la vie et que la vie est dans les couleurs, et que les cultures et les desseins, lorsqu’ils s’entrelacent, ont plus de vie et plus de flamboyance. Nous allons donc continuer à mêler nos dieux et nos saints, nous allons partager le cachiri et le swéli et nous allons implorer ensemble l’Archange, Echu, Gadu, Quetzalcóatl, Shiva et Mariémin. (Applaudissements sur tous les bancs.) »

Christiane Taubira, Discours à l’Assemblée Nationale, « La traite et l’esclavage sont un crime contre l’humanité », 18 février 1999

Lire le discours complet 

Le 23 mai

Journée nationale à la mémoire des victimes de l’esclavage

Célébration de la mémoire des personnes réduites en esclavage et hommage à la contribution qu’elles et leurs descendants ont apporté à la construction de la Nation et de la République.


Ressources

Liste de films et documentaires sur l’histoire de l’esclavage et ses héritages :

Les Routes de l’esclavage (documentaire), de Daniel Cattier, Juan Gélas, Fanny Glissant – épisode 3 et 4 (52 min par épisode)
C’est l’histoire d’un monde où la traite d’esclaves a dessiné ses territoires et ses propres frontières. Un monde où la violence, la domination et le profit ont imposé leurs routes. L’histoire de l’esclavage n’a pas commencé dans les champs de coton. C’est une tragédie beaucoup plus ancienne qui se joue depuis l’aube de l’humanité. A partir du 7e siècle, et pendant plus de 1200 ans, l’Afrique a été l’épicentre d’un gigantesque commerce d’êtres humains parcourant l’ensemble du globe. Nubiens, Peuls, Mandingues, Songhaïs, Sosos, Akans, Yorubas, Ibos, Kongos, Yao, Somalis… Au total, plus de 20 millions d’Africains ont été déportés, vendus et réduits en esclavage. Ce système criminel a enrichi et posé les fondements des plus grands empires à travers le monde. L’ampleur de ce trafic est telle qu’il a longtemps été impossible d’en expliquer tous les mécanismes. Pourtant, son histoire pose une question fondamentale : comment l’Afrique s’est-elle retrouvée au cœur des routes de l’esclavage ?

Bonaparte côté noir, (documentaire) de Dominique Maestrati, (52 min)
Le 20 mai 1802, Bonaparte alors Premier Consul, signe le décret rétablissant l’esclavage en France. L’acte de reniement le plus emblématique des idéaux révolutionnaires, aux conséquences sanglantes. Cela entraîna les massacres de Guadeloupe puis de Saint-Domingue, la création de camps de déportation en Bretagne et en Corse, la validation de la théorie du préjugé de couleur – c’est-à-dire l’origine du racisme moderne –, des assassinats ou des emprisonnements systématiques des personnalités noires contestataires, dont l’emblématique Toussaint Louverture. En moins de deux ans, 250 000 français noirs ou mulâtres furent mis ou remis en esclavage, près de 100 000 furent brûlés, pendus, noyés, fusillés, torturés… plusieurs milliers appartenant aux élites politiques ou militaires furent déportés. Pour quelles raisons Bonaparte a-t-il décidé de rétablir l’esclavage ? Ce docu-fiction, scénarisé comme un film, nourri des analyses d’historiens spécialisés et illustré de nombreux documents d’archives, raconte les enjeux et les conséquences de cette loi du 20 mai 1802.

Belle (fiction), de Amma Asante
En Angleterre, au XVIIIe siècle, Dido Elizabeth Belle, une métisse, fille illégitime d’un amiral de la Marine royale, est élevée par son grand-oncle aristocrate, lord Mansfield, et son épouse. Dido bénéficie de certains privilèges, mais la couleur de sa peau lui interdit de participer aux activités habituelles d’une jeune fille de son rang. Elle s’éprend bientôt d’un jeune avocat qui rêve de changer le monde. Tous deux vont amener lord Mansfield, le président de la Haute Cour d’Angleterre, à mettre fin à l’esclavage dans son pays…

Bois d’Ebène, (documentaire-fiction) de Moussa Touré
En 1825, la traite des Noirs, interdite en France depuis sept ans, est désormais clandestine. Dans un village du golfe de Guinée, deux jeunes gens, Yanka et Toriki, sont capturés, afin d’être vendus comme esclaves de l’autre côté de l’Atlantique, comme des millions d’Africains en près de quatre siècles. Venu de Nantes, un bateau négrier les transporte aux Antilles françaises. Les victimes et les acteurs de ce gigantesque trafic retracent ces vies brisées avant que ces actes atroces soient reconnus comme un crime contre l’humanité.

Contre-Histoire de la France outre-mer, (documentaire) de Xavier-Marie Bonnot et Dorothée Lachaud
En cinq documentaires de cinquante-deux minutes, la collection Contre-Histoire de la France outre-mer raconte la colonisation des territoires ultramarins d’une manière inédite, à travers le regard de ceux qui l’ont subie. Descendants de colons ou d’esclaves, historiens, amiraux galonnés, écrivains en révolte et hommes politiques retracent un passé qui ne passe pas et qui continue d’enflammer les rapports économiques et sociaux d’outre-mer.

L’Esclavage moderne de Fatou, de Pepiang Toufdy
Fatou une adolescente, originaire du Tchad qui n’a jamais vécu loin de sa famille. Une jeune élève ambitieuse qui rêve de décrocher le bac. Ses parents la confient à un ami de la famille pour qu’elle termine ses études en France. Il y a des mots pour décrire le scandale que Fatou a vécu : l’esclavage moderne. Fatou n’a jamais été payée, Fatou n’a jamais eu de vacances, de droits, de liberté. Mais Fatou a fait des plans pour s’évader grâce à l’aide de Mohamed.


Une sélection de biographies pour inspirer

La Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage propose des biographies de personnages historiques liés à l’esclavage et aux combats pour l’abolition et l’égalité, issus de tous les territoires et couvrant près de trois siècles de l’Histoire de France.

Pour accéder aux biographies : https://memoire-esclavage.org/biographies

Des livres pour s’informer

  • Nations nègres et culture, Cheikh Anta Diop. Présence Africaine, 1979
  • Histoire & Culture Noire/Les 1ères Miscellannées Panafricaines, Franswa Makandal. Editions Nofi, 2020
  • Histoire de l’esclavage dans les colonies françaises, Lemy Lemane Coco. Editions Orphie G.Doyen, 2012
  • Peau noire, masque blanc, Franz Fanon. Editions du Seuil, 1952.