Schiltigheim dans les guerres

Guerre de Cent Ans, guerre de Trente Ans, guerre franco-allemande, 1ère et 2e guerre mondiale… Schiltigheim n’a pas été épargnée par les guerres.

Schiltigheim partage, évidemment, le sort de l’Alsace : il semble même qu’un conflit majeur a pu se jouer aux environs de l’actuelle Schiltigheim entre les légions de l’Empire romain et les Alamans au milieu du IVème siècle de notre ère¹

Jusqu'à l'époque moderne

Plusieurs épisodes militaires égrènent le sort de la ville en en faisant même parfois un enjeu important :

  • la guerre de Cent ans ne l’épargne pas et le château des Lichtenberg fut détruit puis la ville incendiée pour des questions d’héritages ;
  • pendant la guerre de Trente-Ans (1618-1648) elle fut pillée et touchée par la peste et la famine. Cette guerre a décimé la région et une politique incitative d’immigration est mise en place par la France
  • lors de la guerre de Hollande (1672-1679) le château de Schiltigheim est démoli (1676) pour des raisons stratégiques puis la ville est pillée et incendiée dans le contexte du rattachement de l’Alsace à la France à la suite des traités de Westphalie (1648).

Schiltigheim dans la guerre industrielle

Guerre franco-allemande (1870-1871)

Pendant la guerre de 1870-71 Schiltigheim est rapidement occupée par des troupes badoises et prussiennes et devient ainsi un des théâtres de l’opposition armée entre les deux puissances : le village est incendié tout comme les brasseries, les malteries (dont la malterie Goetz), les hangars. La population trouva refuge lors des bombardements au couvent Saint-Charles.

1ère guerre mondiale (1914-1918)

La 1ère Guerre mondiale (1914-18) épargna quelque peu l’Alsace en déportant l’essentiel des conflits, et donc la ligne de front, au niveau des Vosges et en France. Les Alsaciens en revanche eurent à subir des vexations répétées (envoyés sur le front russe pour la plupart, ils n’avaient guère le droit aux permissions ; d’aucuns ensuite furent arrêtés, comme les membres de la famille Wenger-Valentin, et exilés dans des régions lointaines de l’Allemagne).

Schiltigheim qui déplore la perte de 282 soldats sur 500 lors de ce conflit, eut à souffrir des problèmes de ravitaillement et des cas de disette sont signalés.

2e guerre mondiale (1939-1945)

La 2nde Guerre mondiale va quant à elle traumatiser les Schilickois : le plan français d’évacuation de la frontière est mis en marche le 2 septembre 1939. Environ 11000 personnes sont évacuées dans des communes du sud-ouest de la France dont Oradour-sur-Glane, Saint-Junien et Rochechouart. Les conditions de l’évacuation semblent difficiles et ont causé des problèmes à l’arrivée.

L’Alsace devient territoire nazi après l’armistice de juin 1940. La nazification est omniprésente tant dans la toponymie que dans l’administration. Dès le départ l’efficacité nazie et la propagande font leur office contre les récalcitrants, les opposants, expulsés ou internés au camp de Schirmeck, au profit des « premiers collaborateurs portant l’insigne Elsässische Hilfsdienst »². Ainsi comme ailleurs la peur et la passivité fut générale dans la population. Dans ce contexte, le drame d’Oradour-sur-Glane est donc d’autant plus traumatisant pour les Schilickois.

Le drame d’Oradour-sur-Glane

Le 10 juin 1944, un détachement de soldats SS (qui compte dans ses rangs 14 Alsaciens, 13 incorporés de force et 1 volontaire) de la division SS «Das Reich» occupe le bourg et massacre 642 habitants, hommes, femmes et enfants.

En début d’après-midi, les Waffen SS encerclent Oradour et rabattent vers le centre-bourg les personnes qui travaillent dans les champs. La population est rassemblée sur la place principale sous prétexte d’un contrôle d’identité. Les hommes sont séparés des femmes et des enfants qui sont entraînés dans l’église. Les hommes sont menés dans les plus grandes remises ou granges d’Oradour où les Allemands ont installé des mitrailleuses. A 16h, et en quelques secondes les hommes sont abattus. Les Nazis recouvrent les corps de matériaux combustibles et mettent le feu dans ces lieux de supplices ainsi qu’aux maisons. Seulement cinq hommes pourront sortir de la grange Laudy sans être abattus par les bourreaux. A 17h, c’est malheureusement au tour des femmes et des enfants (400 personnes) réunis dans la petite église. Les Nazis déposent une caisse au milieu de la foule, au milieu de l’édifice. Il en dépasse un cordon qu’ils allument. Cette caisse destinée à asphyxier, explose et met en éclat les vitraux. L’asphyxie ne s’opère alors pas comme les Allemands le prévoyaient. C’est alors qu’ils tirent sur les femmes et les enfants. Une femme, Mme Rouffanche, parvient à s’enfuir par un vitrail. Elle est suivie par une autre femme et son bébé. Les cris du bébé alertant les Nazis, ces trois personnes sont mitraillées. Seule Mme Rouffanche, bien que blessée, survit en se cachant dans les rangs de petits pois du jardin du presbytère.³

Les résistants schilikois

La Résistance peut, néanmoins, s’enorgueillir de compter des Schilickois tels que Alphonse Adam (1918-1943), Georges Wodli (1900-1943) et leurs réseaux respectifs. Schiltigheim sera ainsi libérée le 23 novembre 1944.

 

¹Schiltigheim du Moyen-Âge, P. Georges, p. 69 et suivantes.
² Guy Sautter, né en 1924. Lettre ou propos ( ?) à son arrivée à la gare de Strasbourg le 14 juillet 1940
³Sources : Schiltigheim au XXe siècle, www.oradour-souviens-toi.fr