Genèse de Schiltigheim

Schiltigheim est passée de l’Empire Carolingien à la Francie Médiane, puis à la Lotharingie, à la Francie Orientale et au Saint Empire Romain Germanique.

En -58 av. J-C alors que Jules César conquiert la Gaulle, une colline située au carrefour de l’ancienne route romaine et du franchissement du Rhin à hauteur de l’actuelle Auenheim (en Allemagne, sur la rive droite du Rhin en face de la Robertsau), accueille déjà les artisans et commerçants au service du camp d’Argentoratum (futur Strasbourg) et plusieurs cimetières. Schiltigheim y sera fondée quelques 900 ans plus tard, entre l’époque des rois mérovingiens et des rois carolingiens du royaume des Francs.

Naissance de Schiltigheim

Au IXe siècle, un guerrier du Royaume des Francs portant le nom de Sciltung, diminutif de Sciltwin (signifiant « celui qui aime le scilt », « schild » voulant dire « bouclier ») établit son château sur une colline au nord de Strasbourg qui descend vers le Rhin (la colline du Parc du Château).

Des huttes s’érigent petit à petit autour de sa demeure et forment un hameau, un heim, le Sciltungsheim, ainsi qu’une chapelle : Bothebür dont le nom est composé de beten (prie) et bür (bura = maison en latin) dont on ne connait toujours pas le lieu exact d’implantation.

Le nom du hameau a de nombreuses variantes au cours du siècle : Schildenchen, Skitingsdtbuel, Scildincheim, Sciltenheim, Sckiltencheim, Scildenheim, Schiltingheim, Schiltenheim, Schilckenhaim, Schilken…

De l’Empire carolingien au Saint Empire romain germanique (842-962)

En 842, les Serments de Strasbourg annoncent la division de l’Empire carolingien en trois parties entre les trois petits-fils de Charlemagne : la Francie Occidentale pour Charles II le Chauve, la Francie Médiane pour Lothaire Ier et la Francie Orientale pour Louis le Germanique.

De l’Empire Carolingien à la Francie Médiane

La division est actée par le Traité de Verdun un an plus tard. L’Alsace est alors rattachée à la Francie Médiane de Lothaire Ier.

En 845, l’empereur Lothaire donne 11 domaines à l’abbaye Saint-Etienne de Strasbourg, dont le village de Schiltigheim et sa chapelle.

En 855, Lothaire Ier meurt. La France Médiane est partagée entre ses trois fils : le royaume d’Italie pour Louis II (l’aîné), la Lotharingie pour Lothaire II (dont fera partie Schiltigheim), et le royaume de Provence pour Charles de Provence.

De la Francie Médiane à la Lotharingie

Charles de Provence meurt en 863. A sa mort, ses frères se partagent son territoire. La France Médiane est alors divisée entre la Lotharingie de Lothaire II au nord, et le royaume d’Italie de Louis II au sud.

De la Lotharingie à la Francie Orientale (Germanie)

Lothaire II meurt en 869. En l’absence de son frère Louis II parti en guerre, ses oncles Charles II le Chauve et Louis le Germanique en profitent pour se partager son territoire. La Lotharingie disparaît, et l’Alsace est alors rattachée à la Francie Orientale (Germanie) de Louis le Germanique par le Traité de Meerssen.

Elle sera incluse dans le Saint Empire romain germanique à sa création en 962 par Otton Ier qui reprend le titre d’Empereur des Romains.

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Les seigneurs ou propriétaires successifs de Schiltigheim (845-1789)

L’Abbaye Saint-Etienne de Strasbourg (845-1003)

Alors que Schiltigheim avait été donné à l’abbaye Saint-Etienne de Strasbourg par l’Empereur Lothaire Ier en 845, elle change de propriétaire en 1003 après l’arrivée du nouvel empereur Henri II (le Saint ou le Boiteux), duc de Bavière.

L’évêque de Strasbourg Wernher Ier de Habsbourg (1003-1255)

En 1003, ce dernier cède l’abbaye Saint-Etienne avec toutes ses possessions (y compris Schiltigheim) à Wernher Ier de Habsbourg, évêque de Strasbourg et futur fondateur de la cathédrale romane de Wernher (dont les fondations ont servi à construire la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg), pour le remercier de sa fidélité.

La Ville de Strasbourg (1501-1789)

Schiltigheim changera par la suite plusieurs fois de propriétaires (les Wangen en 1255, les Ochsenstein en 1463, les Hohenstein en 1492, les Völsch… avant de devenir propriété de la ville de Strasbourg en 1501, qui donne le village en gérance au baillage d’Illkirch (appartenant à Strasbourg), puis au baillage de Dorlisheim (appartenant également à Strasbourg) en 1734 et jusqu’à la Révolution.

Naissance d’Adelshoffen (1392) et fusion avec Schiltigheim (XVIIIe siècle)

Destruction du village d’Adelnhoffen et naissance d’Adelshoffen

En 1392, lors des innombrables guerres opposant la Ville de Strasbourg et l’évêque de Strasbourg Frédéric de Blanckenheim, le village d’Adelnhoffen (attention ce village a eu plusieurs noms) est rasé afin d’éviter que les troupes ennemies ne s’y installent. L’évêque, de nombreux princes et seigneurs occupent effectivement tous les villages aux alentours de Strasbourg : une armée et plus de 1000 chevaux étaient cantonnés du côté de Schiltigheim. Les habitants d’Adelnhoffen obtinrent l’autorisation de s’établir entre Schiltigheim et Bischheim, et leur nouveau village prit finalement le nom d’Adelshoffen.

Evolution démographique

En 1501, Schiltigheim et Adelshoffen abritaient 360 habitants protestants et 71 maisons.

En 1575, Schiltigheim et Adelshoffen abritaient 384 habitants protestants et 80 maisons.

En 1700, Schiltigheim et Adelshoffen abritaient 810 habitants protestants et 153 maisons.

Ces chiffres proviennent des listes établies par les pasteurs des deux villages, avant l’existence du simultaneum (permettant l’utilisation des églises protestantes par les catholiques). Les habitants non protestants n’y sont pas comptabilisés. Ces chiffres ne correspondent donc pas au nombre total d’habitants.

Fusion avec Schiltigheim (1683-1817)

Les deux villages fusionneront entre 1683 et 1817 pour n’en former plus qu’un seul.